mercredi 2 janvier 2008

C. ou le subterfuge du sorbet à la fraise



Tu es un sorbet à la fraise, onctueux et suave. Voilà, tu vas me dire la comparaison s’arrête là ; pas tout à fait. Le sorbet à la fraise c’est alléchant, rafraîchissant quand il entre au contact des lèvres, ça excite la langue et émerveille le palais. Pourquoi le sorbet à la fraise subjugue à ce point mes sens, mon esprit ? Peut-être que dans ce monde accoutumé aux goûts âpres et acides, il désaltère tout simplement, comme une oasis. L’ennui avec le sorbet à la fraise, c’est qu’elle me charme à ce point que la forme de mon désir change. D’ordinaire, le désir est l’appropriation d’autrui en tant que subjectivité pensante, en tant que libre-arbitre ; il est donc voué à l’échec parce qu’on ne peut posséder une libre conscience; or en ce qui concerne le sorbet à la fraise, cette appropriation n’a plus de raison d’être puisque je suis à ce point enchanté que je ne cherche pas à pousser la romance un peu plus loin, je suis comblé, repu. Alors on va chercher l’amour plus loin, on s’amourache d’un citron acide et roide, on se perd.
Or la fraise n’est pas aussi simple et pure qu’elle en a l’air : en effet, ce n’est pas un véritable fruit, la fraise est constituée de centaines de petites graines, l’excroissance d’une fleur. Le sorbet à la fraise n’est pas une crème pâteuse et sucrée, il est l’essence même d’une fleur, un alliage entre l’eau et le sang, la fraîcheur et la vigueur. Il y aurait donc derrière l’image de chasteté, un océan de désirs ardents et frénétiques ? Cela reste à explorer…

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